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Le blog de moi
1 octobre 2008

Premier message

Je ne sais plus pourquoi je fais ça: pourquoi je mange autant, pourquoi je fume des joints à longueur de journée. J'avais pourtant réussi très fièrement à me débarrasser de ces deux dépendances et j'en sentais mon corps bien plus apaisé. Et pourtant je recommence. Le pire c'est que pour fumer un pétard il faut que je supporte le gout de la clope dont j'ai mis si longtemps à me re-dégouter. A chaque fois que j'en allume un je me rappelle que c'est la même raison qui m'a fait arrêter le tabac et qui me pousse à vouloir mettre mon esprit dans du coton aujourd'hui.
Mon père est très malade. A la façon dont je l'annonce souvent les gens ont tendance à entendre qu'il est mort, et ça traduit très bien les raisons de mon angoisse, mais ce quiproquo ne fait qu'accentuer mon mal-être et ma peur. Il m'aura fallu un an pour admettre que cancer ne veut pas forcément dire mort, et voilà quaprès le rein et l'urtère on lui enlève la vessie et la prostate, plus un bout d'intestin. Où vont-ils s'arrêter? Quelle est la prochaine étape? Va-t-il rester suffisament d'organes à mon papa pour qu'il puisse faire semblant d'être comme les autres, sachant qu'il a déjà une poche de pisse accrochée à son ventre? En plus je dois aller le voir à l'hôpital en évitant de lui dire qu'il va faire de la radiothérapie, comme j'ai dut lui cacher il y a un an cette putain de chimio qui l'a fait vieillir de 10 ans en l'espace de 6 mois. S'il vieillit encore, s'il se fatigue encore plus, j'ose à peine imaginer ce qu'il restera de lui.
Mon médecin (que je viens de consulter pour une overdose de stress et d'angoisse) m'a dit que mon père avait bien vécu et que c'était à mon tour maintenant de construire ma vie. Je sais très bien que mon père souffre infiniment plus que moi, et d'autant plus de voir ses proches se faire du soucis pour lui; mais j'ai beau y faire,je n'arrive pas à imaginer ma vie sans lui. Du moins pas avant qu'il ait eu le temps de jouer avec mes enfants qui ne sont pas encore nés.
Alors je somatise: mon dos est bloqué, j'ai du mal à respirer, à digérer, à dormir, j'ai les jambes qui tremblent... et je deviens très désagréable, si bien que même mon homme ne me soutient pas (au contraire).
Alors je fume des joints, pour éviter de penser. Mais je sais au fond de moi que ce n'est pas la solution.
Des fois quand je suis seule je n'espère qu'une chose c'est d'exploser en sanglots, et je souffre d'autant plus de ne pas y arriver. L'année dernière il s'est passé des mois comme cela où je me trouvais dans un état supérieur à celui des larmes. Quand celles-ci sont enfin venues j'ai compris qu'enfin j'arrivais à ne plus nier autant d'évidences, tout en restant distante avec les futurs événements potentiels.
Pour l'instant je sens tout de même (et au même titre que mon père) que j'ai pris plus de recul avec cette maladie, que je ne la refuse plus et peux enfin la voir d'un oeil presque pas trop subjectif, et donc en parler. Si on n'en parle pas on ne peut pas se rendre compte que c'est peut-être pas aussi terrible qu'on le pense.
Pardon donc à ceux que mon malheur n'intéresse pas, mais surtout tant pis pour vous. Car moi tant que de l'écrire me fera du bien, je continuerais.

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Commentaires
L
moi je dors pour eviter de penser,pas facile d assumer un cancer ds la famille c est tres lourd a porter ,il faut etre bien entourer et pouvoir en parler
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